Monday, March 17, 2008

Les pèlerins de Marie Madeleine

Depuis une vingtaine d’années, de nombreux livres dédiés au personnage de Marie Madeleine ont été publiés comme par exemple le best-seller américain The Da Vinci Code de Dan Brown. Les réinterprétations de Marie Madeleine proposées dans ce corpus de textes ont été l’un des thèmes centraux de mon mémoire de DEA "Marie Madeleine dans le Nouvel Age. Une étude anthropologique sur un mythe contemporain et une nouvelle forme de pèlerinage",
publié en Espagne avec le titre :

“El camino de María Magdalena. Un recorrido antropológico por la ruta de peregrinación de la nueva espiritualidad”
(Barcelona: RBA, 2008)


Dans ce texte j’ai analysé les différentes formes de religiosité qui se développent autour de Madeleine dans le vaste mouvement que l’on appelle “New Age” et en particulier les groupes de pèlerins qui arrivent un France pour parcourir ce qu’ils identifient comme “le chemin de Marie Madeleine”. J’ai proposé d’appeler ces pèlerins des “Créatifs Religieux” reprenant le terme de “Religious Creatives” proposé par Deana Weibel dans sa thèse doctorale sur la réinterprétation de la Vierge de Rocamadour en France (Weibel 2001). Il s’agit de groupes toujours ouverts à accueillir de nouveau membres et qui permettent un degré variable de compromis et de participation dans leurs rituels.

Le grand succès de The Da Vinci Code aux États-Unis, mais aussi en Europe démontre qu’il y a un grand intérêt pour ce genre de thématiques. En utilisant des arguments proposés par la théologie et l’archéologie féministe, certains groupes de “Religieux Créatifs” construisent une Marie Madeleine comme épouse de Jésus et mère de ses enfants et luttent pour la réaffirmation de l’importance de la femme dans l’histoire de la chrétienté. Il existe tout un corpus des textes publiés a partir des années 1980 qui parlent d’une « église cachée de Marie Madeleine» de laquelle faisaient partie des mouvements « hérétiques » comme celui des « Gnostiques », des « Cathares », des « Templiers », des « Rosicruciens », des « Francs-maçons » et les membres du « Prieuré de Sion ». On postule aussi que les Vierges Noires comme celles de Chartres et de Rocamadour en France et celle de Montserrat en Catalogne, représentent en réalité Marie Madeleine, « l’épouse oubliée de la tradition chrétienne ». D’autres auteurs présentent la sainte plutôt comme le maître de Jésus qui lui apprend les techniques de la sexualité sacrée et lui donne la force et la sagesse pour accepter la crucifixion.
Dans mon mémoire de DEA, j’ai considéré ces théories comme faisant partie d’une « mythologie contemporaine » et j’ai commencé à montrer que les pèlerins utilisent les textes en question d’une manière très libre. Ils mélangent souvent différentes théories proposées par tel ou tel auteur. Le résultat est souvent un « bricolage » personnel d’idées qui servent de base théorique pour la relation que chaque pèlerin établit avec l’entité méta empirique de Marie Madeleine.

Dans le travail de recherche réalisé jusqu’ici j’ai aussi situé ces réinterprétations d’un personnage évangélique dans le contexte historique et dans un débat théologique de deux mille ans. J’ai commencé à analyser les rituels, les pèlerinages et les mythologies qui prennent comme leur centre le personnage de Madeleine et j’ai présenté la première partie de mon terrain avec des pèlerins italiens sur le “chemin de Marie Madeleine” en France. Ces pèlerins visitent des lieux de culte chrétiens bien connus en France tels comme Vézelay, Chartres ou Saint-Maximin-en-Provence pour y effectuer leurs propres rituels. C'est plus particulièrement la région de la Provence qui a eu le plus d'influence dans l'expansion du culte catholique de cette sainte. Le chemin de Marie Madeleine qui se croise en de nombreux points avec le chemin de Santiago de Compostelle est en train de se transformer en une voie empruntée par les "nouveaux pèlerins de la New Age". Ces pèlerins se réapproprient des endroits, qui sont culturellement significatifs et qui sont la plupart du temps en relation avec un important culte catholique, pour y effectuer des pratiques de dévotion alternatives qui reprennent seulement partiellement les valeurs et idéaux proposés par la religion catholique.

Dans ma thèse doctorale (écrite en anglais) j’ai amplifié le terrain réalisé en participant à d’autres pèlerinages avec des groupes espagnols, anglais et américains.

Pour en savoir plus sur ma récherche vous pouvez lire un article en article en anglais:

Monday, March 10, 2008